Sénégal - Gérer correctement l’argent généré par des activités économiques communautaires ne se fait pas naturellement. Des formations sont nécessaires.
C’est une certitude, l’invention de l’argent a grandement facilité les échanges commerciaux. Malgré le fait que l’argent soit désormais omniprésent dans nos vies, c’est une thématique que nous abordons avec une certaine pudeur et méfiance, particulièrement en Suisse. Je vous rassure, vous n’êtes pas les seuls à le penser. Dans les campagnes sénégalaises, nous rencontrons une gêne similaire. Mais dans le cas de la réalisation de projets générateurs de revenus, nous sommes bien obligés de parler budget, compte d’exploitation et ventilation des bénéfices.
Pour garantir la pérennité de l’unité de transformation de riz d’Assoumoune, du périmètre maraîcher de Bidiam ou de la banque de céréales de Touba Cocky, pour ne citer que quelques exemples parmi d’autres, il faut que les responsables des finances disposent des compétences nécessaires. Or, trouver de telles personnes-ressources en milieu rural où le taux d’alphabétisation est de moins de 50 % et l’argent une rareté, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin.
L’unique option est donc de sélectionner les membres les plus prometteurs, en accord avec le groupement, et de les former de manière intensive.
Les membres sélectionnés suivent plusieurs modules de la méthode de formation GERME, acronyme de « Gérez Mieux Votre Entreprise ». Il s’agit d’un outil extrêmement précieux. Sur cinq jours et au travers de jeux de rôle, il permet d’aborder des exercices concrets et des images de différentes réalités comme « Vous l’entrepreneur et votre activité », « L’entreprise et la famille », « Les achats et leurs exigences », « Les coûts », « La caisse », « Votre idée d’entreprise », « Gestion de stock » et « Développer votre activité ». Un des résultats tangibles consiste à élaborer une stratégie de commercialisation. Il ne faut pas se faire d’illusion, cinq jours ne sont pas suffisants pour en faire des comptables aguerris, mais des bases prometteuses sont posées. La clé du succès est ensuite l’accompagnement assidu effectué par notre équipe de coordination durant plus d’une année. Des formations complémentaires et des mises en relation avec d’autres groupements complètent cet apprentissage. L’argent, et surtout son utilisation à bon escient, n’a finalement plus de secret pour les groupements.
Xavier Mühlethaler