Burkina Faso - Doudou est un des premiers à avoir vu le potentiel des jardins maraîchers dans la région sahélienne de Ouahigouya.
Le parcours atypique de Doudou démarre avec une rencontre en 1988 : lors de l’opération Sahel Noël de la Radio Suisse romande en collaboration avec Nouvelle Planète, Marcel Cochand visite la pépinière de ce jeune Burkinabé. À l’époque, Doudou fait pousser des plants d’arbres et les propose aux groupements paysans Naam. Il est rétribué en fonction des ventes. Mais ce travail ne lui permet pas de joindre les deux bouts. « Il s’agissait presque de bénévolat », avoue-t-il. Pour améliorer son quotidien, il fait pousser quelques légumes dans sa pépinière. Celle-ci s’appelle Burkina Vert. Ce nom deviendra celui d’un grand acteur du secteur du maraîchage dans la région.
80 % de l’économie de la région
Sur recommandation de Marcel Cochand, Nouvelle Planète finance plusieurs projets de mise en place de jardins maraîchers à partir de 1999. Le premier jardin réalisé est le plus grand de la région : un hectare. Grâce, entre autres, à ces appuis, l’association Burkina Vert se développe et permet de fédérer de plus en plus de groupements de maraîchers. Face au changement climatique et aux difficultés de récolter assez durant la saison des pluies, de nombreux paysans désirent pouvoir gagner leur vie pendant la saison sèche. Pour les jeunes, c’est la seule possibilité de rester au village. Il faut creuser des puits, assurer la protection des jardins et arroser les plantations à la main à longueur de journée.
L’association devient une des trois structures faîtières de la filière. Doudou arrive petit à petit à la tête de 27 organisations locales et de 3500 producteurs de légumes. Depuis maintenant quelques années, le maraîchage est devenu la première ressource économique de la province à hauteur de 80 %. Le secteur s’organise, achète les engrais bio en gros, vend en commun et exporte par camions vers les pays côtiers.
Aujourd’hui, Doudou vient d’être nommé président de la chambre régionale d’agriculture. Il s’agit d’un poste important où il doit défendre les intérêts de tous les agriculteurs d’un quart du pays. Ce poste est la consécration d’un travail intense accompli pour développer ces jardins potagers que l’on voit maintenant dans toute la région. Nous l’avons récemment rencontré dans le bureau de son association. Il n’a pas changé. Toujours souriant et communicatif, prêt à vite se rendre dans un jardin pour analyser l’impact d’une nouvelle pompe solaire testée en remplacement de celle qui fonctionnait au mazout. Nous sommes fiers de son parcours et de ce qu’il a accompli et lui souhaitons beaucoup de succès dans son nouveau poste à responsabilité.
Philippe Randin