les femmes indigènes confectionnent une très jolie poterie (mention : Photo -Mike van Kruchten, © Xapiri)

Amazonie péruvienne : connaître le contexte, écouter les gens et reconnaître la validité de leur savoir. Serait-ce la clé pour soutenir les projets ?

Les peuples indigènes amazoniens ont un vaste savoir concernant leur propre réalité. En principe, ils savent ce que veut dire « vivre en autonomie ». Mais le monde industriel considère l’Amazonie comme un vaste réservoir de ressources naturelles dans lequel il peut puiser, et qu’il est en train de transformer en profondeur : déboisement massif, pollution … Et tout cela a un impact sur les capacités d’autonomie des habitants indigènes.

Ecouter

Pour nous, il est clair qu’ils méritent un coup de pouce et qu’ils ont aussi énormément de compétences propres. Il s’agit donc de les laisser prendre l’initiative et de les soutenir si nous la jugeons bonne. Et si elle ne nous paraît pas bonne, il faut pouvoir dire pourquoi. Pour commencer à comprendre les gens d’une autre culture, qui vivent dans un environnement que nous connaissons mal, il convient de passer du temps avec eux et apprendre à connaître leur point de vue et la complexité de leur situation. Il faudra d’abord écouter et essayer de comprendre, ce qui prend du temps.

Des terres aux piscicultures

Au début du travail de Nouvelle Planète en Amazonie, il était aisé de connaître les priorités des peuples indigènes, parce qu’ils affirmaient qu’avant toute chose, ils avaient besoin de terres pour survivre. Et la solution était simple : soutenir la titularisation foncière de leurs territoires. En 30 ans, Nouvelle Planète a ainsi trouvé les fonds pour permettre la remise de 5 millions d’hectares aux communautés indigènes – soit une surface totale plus grande que la Suisse.

Après la reconnaissance de leurs territoires, les peuples indigènes ont nommé comme 2ème priorité la reconnaissance de leur savoir. Ils ont proposé la mise en place d’un programme d’éducation bilingue et interculturelle pour former des enseignants afin qu’ils puissent enseigner en langue indigène et en espagnol. Là encore, Nouvelle Planète soutient cette démarche depuis 23 ans, grâce au soutien du Service du Liechtenstein pour le Développement.

Mais parfois, les indigènes n’ont pas toutes les réponses. Les bonnes idées peuvent alors venir de l’extérieur. C’est le cas des piscicultures familiales. A la base, les Amazoniens ne sont pas des éleveurs d’animaux. Etant de grands mangeurs de poissons, ils ont vite été motivés d’essayer. Et maintenant, les piscicultures familiales se multiplient. La clé du succès, c’est la motivation des gens. Sans elle, aucun résultat n’est possible.

En somme, pour aider les gens à s’aider eux-mêmes, il est nécessaire de bien connaître le contexte et sa complexité, d’écouter les gens et de reconnaître la validité de leur savoir tout en gardant ses facultés critiques. Il faut aussi leur donner l’opportunité de prendre l’initiative. Et c’est en réalisant des projets qu’ils ont eux-mêmes choisis que les gens prennent confiance en leurs propres capacités, ce qui est peut-être le plus important.

Jérémy Narby